ENTREPRISE ENGAGÉE - LES JARDINS DE GAÏA, L'INFUSION QUI FAIT DU BIEN
Pionnière sur le marché du thé bio en France, l'entreprise Les Jardins de Gaïa a désormais 27 ans et une belle renommée. Retour sur l'aventure entrepreneuriale de sa créatrice, Arlette Rohmer, une passionnée de thé, convaincue par l'agriculture biologique.
« J'ai toujours été branchée plantes, se souvient Arlette Rohmer. Je faisais mes petits mélanges que les copains venaient boire chez moi. »
Ce n'est donc pas un hasard si, après une année passée à voyager, l'ancienne éducatrice décide de lancer son activité de vente de thés et tisanes bio.
« Après mon expérience dans le social, j'avais envie de faire autre chose et de continuer à voyager, explique-t-elle. J'ai enchaîné les petits jobs, notamment sur des salons et, lors d'un événement professionnel autour du bio, j'ai rencontré un producteur de thé : ça a été le déclic. » Ce producteur, c'est le gérant du grand jardin de Singell, situé sur les contreforts de l'Himalaya en Inde, où est cultivé l'un des thés favoris d'Arlette Rohmer.
En 1994, la jeune femme décide donc de lancer son commerce depuis son domicile, à Wittsheim en Alsace, avec une volonté : faire du thé qualitatif et, surtout, issu de la culture biologique. À l’époque, le marché bio est peu développé en France et il n’existe aucune marque française de thé bio. « J’ai démarré en important d’Allemagne et en faisant mes petits mélanges sur ma table de cuisine que je vendais par correspondance ou sur des salons », raconte l’entrepreneure. Sur un salon justement, elle fait une nouvelle rencontre cruciale pour le développement son activité, celle d’un acheteur de Biocoop qui, convaincu par sa démarche, décide de la référencer en boutique.
Cette opportunité permet à la jeune entreprise de faire un peu de volume et d'élargir sa gamme. «Rapidement, j'ai manqué de place chez moi, alors j'ai rajouté un petit bureau à côté de la maison, raconte Arlette Rohmer. J'ai commencé à embaucher mes voisines pour faire les assemblages et les conditionnements. J'ai ensuite loué les locaux d'une entreprise locale et fini par faire construire un local à la sortie du village, en 2004. »
VERS UN ENGAGEMENT SOCIAL ET SOCIÉTAL
Au fil des années, Arlette Rohmer enchaîne les rencontres avec les producteurs, en Inde ou encore en Chine, où elle sélectionne les meilleures références de thés et de tisanes, toujours certifiés biologiques. « Le premier producteur de thé bio en Inde a commencé à se faire certifier commerce équitable », se souvient la fondatrice des Jardins de Gaïa. L'entrepreneure décide alors de s'engager dans la même démarche. « Lorsque j'ai lancé mon activité, il n'y avait pas de thé à la fois bio et issu du commerce équitable, or j'estime que les deux vont de paire, affirme Arlette Rohmer. Je ne voulais pas vendre un thé équitable dont la culture nécessitait l'utilisation de produits chimiques néfastes pour les producteurs. »
« Je ne voulais pas vendre un thé équitable dont la culture nécessitait l'utilisation de produits chimiques néfastes pour les producteurs. »
En 2001, Les Jardins de Gaïa obtiennent leur première labellisation commerce équitable et poursuivent leurs engagements, tant sur le plan sociétal qu'environnemental avec l'obtention de différents labels, comme Bioentreprisedurable® en 2018, et le développement de la biodynamie*. L'entreprise se positionne également en matière d'écoconception** en choisissant des emballages recyclables et compostables, en papier doublés d'un film en cellulose de bois, et non en plastique. Les étiquettes sont quant à elles fournies par des imprimeurs locaux, labellisés Imprim'Vert. Pour son électricité, elle s'approvisionne chez un fournisseur d'énergies renouvelables, et pour l'importation de ses matières premières, elle privilégie au maximum le transport maritime et fluvial.
Aujourd'hui, Les thés Jardins de Gaïa sont 100 % bio ; 75 % sont issus du commerce équitable et 10% de l'agriculture biodynamique.
L'entreprise alsacienne compte près de 80 salariés sur son site historique, et l'ensemble des feuilles de thé acheminées sont conditionnées à la main, assemblées et aromatisées en Alsace. C'est également sur son territoire d'origine que l'entreprise dispose de son unique boutique en propre – le reste de la vente se faisant par correspondance, via son site web ou son réseau de revendeurs – d'une Maison de thé créée en 2004 proposant des dégustations et des ateliers, et d'une école de thé fondée en 2017.
Depuis sa création, l'entreprise entretient des liens privilégiés avec les acteurs locaux. « Nous sommes soutenus par la CCI Alsace Eurométropole, grâce à laquelle nous avons gagné plusieurs trophées, la Ville de Strasbourg et la Communauté de communes, précise Arlette Rohmer. Nous sommes en contact avec les associations locales et le village est devenu un territoire de commerce équitable grâce aux Jardins de Gaïa. Lorsque l'entreprise a fêté ses 20 ans, le maire de notre village s'est engagé dans le ‘zéro phyto'. »
En parallèle de son développement, l'entreprise met toujours un point d'honneur à conserver ses méthodes artisanales et à encourager les petits producteurs et leurs coopératives. « Les grands jardins c'est bien, mais les petits qui travaillent ensemble et se cassent la tête pour faire de belles choses, c'est très important ! », confirme Arlette Rohmer.
Pour les soutenir pendant la pandémie mondiale de coronavirus, l'entreprise n'a par exemple pas hésité à payer un an de production à l'avance pour financer les salaires des producteurs, alors que les récoltes étaient bloquées. « Cette synergie entre tous les acteurs est importante ; sans les producteurs, je ne serais pas là, assure la dirigeante des Jardins de Gaïa.
Si l'on fait les choses bien, de manière juste et équitable, ça paie et on est heureux. »